ZV01 : histoire de(s) femme(s)

La subordination du féminin à un monde masculin outrancier et violent demeure l’un des grands handicaps à l’évolution positive du genre humain. Les femmes sont plus enclines à protéger la vie qu’à la détruire. Il nous faut rendre hommage aux femmes, gardiennes de la vie, et écouter le féminin qui existe en chacun d’entre nous.

Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010.

Nous, femmes, portons une lourde hérédité. Conquérir notre identité propre, notre autonomie, revendiquer nos droits élémentaires, cela a toujours représenté un combat contre le poids des traditions patriarcales. L’adage qui attribue aux hommes les affaires publiques et aux femmes la gestion du foyer s’estompe fort heureusement, il reste pourtant ancré au fin fond de nous-mêmes.

Le principe de l’égalité entre hommes et femmes a été inscrit – enfin – dans la constitution belge en 2002 (le plus inquiétant est peut-être qu’il ait été nécessaire de l’y inscrire…).

Nous, femmes, avons toujours dû demander, lutter, expliquer, négocier, pour obtenir des choses qui, aux hommes, étaient naturellement acquises : étudier (l’université de Liège a été ouverte aux femmes en 1881, soit soixante-quatre ans après sa création !), être avocate ou médecin (il a fallu un décret royal !), gérer notre argent (les femmes mariées n’ont pu ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari qu’en 1976 !). Bénéficier de revenus égaux (enfin presque…), décider pour notre propre corps, cela n’a pas non plus été simple à conquérir.

Être femme et exister dans le monde politique n’échappe pas à la règle.
Il a fallu attendre 1929 pour que la Belgique voie une femme accéder au parlement, et 1948 pour que les femmes obtiennent pleinement le droit de vote. La première femme ministre (en 1965) avait comme attribution… la famille et le logement ! Si 48,5 % de femmes (merci les « quotas ») étaient candidates aux dernières élections communales, les hommes occupaient encore près de trois quarts des places en tête de liste… lourdes et pesantes coutumes !

Pour être entendue en tant que femme dans ce milieu qui reste majoritairement masculin, il faut encore trop souvent dépasser l’attitude condescendante – voire complètement déplacée – de certains collègues, bousculer leurs préjugés, parler (plus) haut et (plus) fort.Pour ma part, je pensais que plus personne n’oserait affirmer publiquement que les femmes ne sont pas aptes à la gestion politique. Je me trompais. Pire : j’ai entendu un homme, représentant d’une certaine autorité, parler en leur présence à la place de plusieurs femmes, leur faisant dire qu’elles pensaient ne pas être « très bonnes à agir en tant qu’échevines ». J’en reste profondément choquée.

Non, mesdames les conseillères, malgré ce que l’on pourrait tenter de vous faire croire, ce n’est pas le nombre des voix de préférence qui fait de vous une personne capable. Personne n’a à guider votre pensée, à parler ou écrire à votre place.Un homme a pu, en 2000, accéder directement au mayorat sans avoir jamais été ni échevin, ni même conseiller communal. Vous n’êtes pas moins capables. V. O.

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